Pourquoi et quand privilégier l’approche agile plutôt que l’approche classique ?

Qu’est-ce que l’approche agile ? En quoi diffère-t-elle des approches classiques ?

L’approche agile diffère des approches classiques de gestion de projet et d’organisation dans le sens où l’approche agile est dite « systémique » et l’approche classique est dite « analytique »

Dans le cas d’une approche analytique, on aborde la problématique en estimant à priori que la prédictibilité des événements dans le contexte considéré, est suffisamment vraie pour qu’une analyse approfondie d’une problématique suffise à établir une solution satisfaisante.
Dans le cas d’une approche systémique, on aborde la problématique en considérant le contexte élargi de la problématique. On s’intéresse à l’ensemble des facteurs d’influence du contexte pour résoudre la problématique. A priori, on estime que les événements sont peu prédictibles et qu’une analyse expertisée n’est pas suffisante pour garantir une solution tant  le contexte est complexe et changeant. On s’attarde moins sur l’analyse et plus sur la solution.

Ainsi, dans le cas de l’approche agile, plutôt que d’élaborer une solution sur la base d’une première analyse approfondie de départ et à priori définitive, nous chercherons au contraire, à concevoir une solution de base, à priori valable que l’on cherchera à améliorer ensuite. La solution améliorée sera souvent émergente de l’intelligence collective est le fruit d’un travail itératif et incrémental.

Par exemple, une solution informatique développée en agilité prévoit une première phase de définition de produit, une phase de développement d’un produit minimal et plusieurs petites phases de développement (de 15 jours à 1 mois) de points d’amélioration  qui auront été pré-sélectionnées par l’équipe et le commanditaire avec la prise en compte des premiers retours de tests du produit en cours d’évolution. Ainsi, au lieu de définir dès le début de projet une solution complète, l’approche agile  va définir une vision minimaliste au départ et modifiées ensuite aux vues des difficultés et opportunités rencontrées au fur et à mesure via les tests.

Ce sont ces démarches qui sont appliquées par les sociétés Google, Spotify, Amazon…

Pourquoi a-t-on eu besoin de changer d’approche pour résoudre les problèmes ?

Le changement de contexte dans lequel nous évoluons nous a amené à reconsidérer la manière dont nous abordions les problèmes. Avec l’arrivée de l’Internet, de la digitalisation des services, de la mondialisation, le contexte dans le quel nous évoluons est devenu très variable et de moins en moins contrôlable. On s’est aperçu que dans ce type de contexte, très complexe, il est nécessaire d’aborder les choses de façon agile et non classique pour mieux s’adapter aux changements. Ainsi, un projet mené en agilité contribue à concevoir un produit adapté aux besoins et contraintes du marché et une organisation agile, adaptative et robuste facilite la résolution des problématiques rencontrées.

D’ailleurs, pour illustrer le lien entre complexité et adaptation d’une organisation évoluant en son sein, il  existe un excellent « Serious Game » à base de Lego®  appelé LegoCynefin, .

Quand préférer l’approche agile?

Dans une situation de forte incertitude, l’approche agile, avec des phases d’essais et d’améliorations semble indispensable. Ces cas de fortes incertitudes se retrouvent dans les projets réalisés sur mesure et lors des projets d’innovation.

Les projets informatiques ont eu besoin de ces méthodes car la plupart des applications se sont trouvées être :

  • soit des projets répondant à un besoin particulier et nouvellement rencontré.
  • soit des projets de produit à plus grande échelle, mais répondant à des besoins innovants. Les applications de streaming musicaux tels que Spotify et Deezer sont des applications qui se sont progressivement développées depuis 15 ans avec l’évolution de nos modes de consommation.

Pour résumé, si l’on est sûr de la solution proposée en début de projet et de la stabilité du contexte, une approche classique de suivi de projet convient tout à fait. A contrario dans le cas de projet sur-mesure ou innovant, ou si le contexte est potentiellement incertain, une approche agile facilite la gestion des risques, du coût et assure une valeur produit adapté au contexte.

Vers un recours systématique à l’agilité ?

A en croire les expériences passées, la réussite d’un projet devient de plus en plus incertaine et difficile à prédire de façon formelle.

Ainsi, la réussite soudaine de l’Iphone en 2007 a contredit le pronostic des plus grands experts de ce marché.  De nombreuses tentatives sur le même type d’assistants personnels l’avaient précédé sans succès. Pourtant ce téléphone innovant, premier téléphone intelligent avec écran tactile arrivait au bon moment et est arrivé à séduire le marché. Depuis 2007, plus d’1 milliard d’Iphone ont été vendu.

Cependant, si mettre en place les méthodes agiles pour adapter rapidement les produits et les équipes à son environnement semble maintenant plutôt aisé à mettre en place dans le cadre d’une application informatique, on peut se demander  si mettre en place ces méthodologies  dans un contexte de production de biens matériels l’est tout autant ?

Si l’on prend l’exemple de l’industrie automobile, qui doit faire face, aujourd’hui, à de nouveaux enjeux (écologique, économique et d’usage avec la voiture autonome..), l’agilité semble un bon moyen pour s’adapter plus facilement. Pourtant, serait-il possible de mettre en place une modification produit  tous les 2 ou 4 semaines lorsque l’on parle de voiture ?

Les méthodes agiles ne seraient-elles donc pas réserver qu’à certains domaines uniquement ?

Non, nous ne le pensons pas.  Avec la réalité virtuelle, l’impression 3D, les hologrammes….il est possible d’imaginer de nouvelles manières de concevoir et innover de manière plus itérative et incrémentale. Reste à mettre en place le changement et prouver l’hypothèse…

Et d’ailleurs, aujourd’hui, l’agilité prend tout doucement le pas dans les industries. On peut citer l’exemple de Siemens.

 

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